LA RELIURE

 

C’est un art qui remonte à l’antiquité et qui s’est appliqué à confectionner un écrin pour l’expression la plus noble de l’homme : la pensée.

La pensée a été fixée graphiquement pour qu’elle demeure d’abord sur des rouleaux manuscrits : des « volumen », puis sur des papyrus ou des parchemins découpé en rectangles appelés codex.

Les petits cahiers étaient cousus puis placés entre des ais de bois (sapin, buis, sycomore). Ces ais recevaient les inscriptions.

Dès le début du moyen-âge, des Maîtres-Relieurs réalisent des reliures souples avec du cuir monté sur des ais en papyrus. Puis ces ais furent sculptés et recouverts de cuir. Les premiers exemplaires étaient destinés aux dignitaires impériaux qui les portaient couramment suspendus à la ceinture.

Au Vie siècle la reliure s’installe dans les monastères de France et d’Angleterre. Nous trouvons alors le moine enlumineur, le moine ligator qui assemble les feuillets et le moine religator qui relie les feuillets par des coutures sur nerfs. La tranchefile de l’époque était en nerfs, c’est-à-dire en fines lanières de peau.

Les ais de bois étaient recouverts de velours, de soie, de cuir de porc et de cerf. Au milieu du moyen âge, il y eu une telle attirance pour la reliure que la matière première vint à manquer. C’est Charlemagne lui-même qui résolut le  problème en autorisant les abbayes à chasser le cerf pour se procurer les peaux nécessaires à la reliure. Les œuvres remarquables étaient d’abord les missels d’autel rehaussés d’émaux, d’ivoire, de cabochons.

C’est seulement au XIIIe siècle que le bois des plats est remplacé par du carton. Le grecquage avec son gabarit que nous utilisons si fréquemment nous vient de la reliure dite à la Grecque. Notre bon Louis XIV a, par arrêt du 26 juillet 1700 autorise la reliure à la grecque « pourvu que le prix en soit inférieur à 15 sols ».

Et puis après cette belle époque, les progrès de la mécanique ont donné naissance à la reliure industrielle qui permet de mettre à disposition d’un public toujours plus nombreux, des livres imprimés en grande série.

Heureusement il est un domaine invulnérable aux machinations modernes. Ce domaine que les relieurs artisanaux veulent jalousement sauvegarder en perpétrant un Art qui possède déjà tant de lettres de noblesses.

C’est cet Art qui nous réunit dans notre association.